
En essayant de circonscrire la manière dont les jeux se font et se défont dans la République, on s’aperçoit que les différents acteurs de développement dénaturent le jeu politique au point d’enliser l’émergence visée par Boni Yayi dans un gouffre abyssal. On est tenté de dire que le Béninois est naturellement hostile à tout ce qui peut contribuer à assurer son mieux-être. Et cela incite à de profondes réflexions.
2006 a servi de repère important pour la renaissance au Bénin. L’avènement du Changement qui s’est accompagné d’un vent d’espoir a été un véritable détonateur pour la remise à jour des comportements rétrogrades. Au bout de 3 ans jour pour jour, les anciennes habitudes ont refait surface. La corruption a repris avec force véhémence. Ce paradoxe qui s’est traduit par la résurgence d’une affaire comme la Cen-sad s’est révélé une véritable porte ouverte pour les mouvements sociaux les plus incisifs des temps modernes.
Les centrales syndicales se sont prévalues du caractère scandaleux de ce dossier pour prendre d’assaut les rues. La résistance du pouvoir central n’a pu infléchir leur élan. Malgré les multiples rebondissements, leurs responsables l’ont fait vaille que vaille. Cette situation a débouché sur les incursions de l’Ige dans la gestion des fonds alloués par les structures de l’Etat à l’animation de la vie syndicale. Perçu comme une vérification de mauvais aloi, ce contrôle a suffi pour qu’il ait un véritable bras de fer entre les syndicats et le pouvoir central. De polémique en polémique, ce malaise a déteint sur les activités des syndicats sectoriels. Particulièrement névralgique, le syndicat du ministère des finances et de l’économie s’est mis dans la danse et cela a produit de graves incidences sur les différentes activités du pays.
A-t-on besoin de s’interroger sur l’état de la barbe du vieillard lorsqu’on sait qu’il a brûlé. Les autres syndicats de base ont également exprimé leur ras-le-bol. Il s’agit du syndicat du ministère de la fonction publique et du travail, de celui de la communication et des syndicats du secteur de l’éducation qui menacent quant à eux d’hypothéquer la prochaine rentrée scolaire. En tout et pour tout, les motifs d’entrée en grève sont variés mais laissent perplexes.
Pour l’essentiel, les différents secteurs de la vie économique et sociale du pays sont quasiment paralysés. Ils sont marqués par le retard récurrent des travailleurs au service. C’est sans insister sur le caractère moyen-âgeux de l’accueil des usagers dans les différents services de l’administration publique et le désoeuvrement improvisé des agents de peu de foi, du moins de conscience professionnelle.
Pire, certains agents se permettent le vilain luxe de s’absenter en se prévalant d’un refrain protecteur : « il s’est levé ». Pendant ce temps, un costume témoin est déposé sur le siège de l’absentéiste sectaire. Les femmes absentéistes quant à elles délaissent subtilement leurs chaussures sous prétexte qu’elles sont allées au toilette. Dans les faits où va le Bénin ? De part leur comportement, les agents indélicats tapis dans les différents secteurs du pays conduisent l’économie du Bénin vers un naufrage qui ne dit pas son nom. Tout est fait pour que la nouvelle ère qui s’est ouverte comme pour apporter une lueur d’espoir s’estompe. En terme court, il a lieu de dire que les Béninois abdiquent devant le développement.
Que dire des intrigues politiques
Le jeu de ping-pong qui était fait pour agrémenter le paysage politique s’est révélé du coup malsain. Des propos régionalistes, on en est arrivé à des déclarations vexatoires et provocatrices avant d’écumer des ulcères verbaux teintés d’incitation à la violence. Encore faudrait-il souligner les quelques attaques frontales des opposants qui empruntent le chemin du spectaculaire pour redorer le blason d’un équilibre du tac au tac et du sensationnel. Le mal dans tout cela est que certaines informations viennent intoxiquer l’atmosphère au point de réveiller le flair des sapeurs pompiers et le rôle des coursiers reprend avec force, qui pour apaiser un camp qui pour éteindre le feu chez l’autre. Le peuple n’est pas dupe. Le mieux à faire est la question centrale qu’est le développement.
Pierre TCHIBOZO
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